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Written by Psychologie

Troubles alimentaires : quelles origines ? Quelles fonctionnalités ? Quelles interventions possibles ?

Une définition du trouble alimentaire

La trouble de l’alimentationque l’on trouve principalement chez le sexe féminin, est un comportement syntonique de l’ego dans le sens où la plupart du temps la personne ne le perçoit comme un problème que s’il atteint la limite, contrairement par exemple à un trouble anxieux (egodistonique) où la personne ressent le mal-être et le ressent comme distinct du Soi.

Le trouble de l’alimentation est différent selon le type de groupe d’âge dans lequel il se produit.

  • Lorsqu’un bébé manger trop (ou trop peu), on peut parler de trouble de l’attachement car le trouble du comportement alimentaire intervient en organisant les fonctions d’attachement de la mère. L’enfant ne fait pas attention au corps car ce qui l’intéresse c’est le visage de sa mère. Son symptôme se configure ainsi comme un régulateur des attachements à la mère. Dans ces cas, les mères essaient parfois d’être les meilleures mères, et ou elles projettent narcissiquement sur l’enfant le désir que l’enfant soit parfait (alors que l’enfant se rebelle…). Dans cette tranche d’âge, la nourriture est un outil dont disposent les enfants pour réguler la relation avec leur mère et le fait de ne pas manger est une forme d’opposition à leur égard.
  • A l’adolescence, d’autre part, la nourriture n’est pas seulement un véhicule pour les relations mais aussi pour la régulation du Soi (Je me parle, je me dis des choses). QLorsque le corps maigrit ou grossit, l’adolescent est comme s’il se disait des choses à lui-même et pas seulement à ses parents qui se disaient des choses à moi-même et pas seulement à mes parents (quelques exemples pourraient être « je n’aime pas mon apparence » » Je n’ai aucun contrôle, mais je l’aurai si je jeûne «  » personne ne me plie « )

La aliments, finalement, cela représente la production de la relation et la dimension du care, donc, si la dimension relationnelle est souffrance, celle-ci peut s’exprimer au niveau somatique à travers l’alimentation. Le rapport problématique à la nutrition renvoie à la difficulté du rapport à l’autre, à un problème relationnel, notamment avec la mère (référence première pour la prise en charge de l’enfant) et au conflit entre dépendance et indépendance vis-à-vis d’elle.

Une classification des troubles alimentaires

Le DSM-5 mentionne les suivants parmi les troubles de l’alimentation.

  • L’anorexie, c’est-à-dire la restriction de l’apport calorique qui entraîne un poids corporel très faible par rapport à son âge, son sexe et l’âge de développement (avec la disparition possible des menstruations chez la femme). L’anorexie est liée à une peur intense de prendre du poids ou de grossir. La personne est comme si elle avait une altération dans la façon dont son poids ou la forme de son corps est vécu, ce qui entraîne une influence significative sur son propre niveau d’estime de soi (ex : « si je maigris, j’ai une valeur « ,  » si je prends du poids, je ne vaux rien « ) et un manque de reconnaissance de la gravité de son état actuel d’insuffisance pondérale.
  • boulimie qui se caractérise par des crises de boulimie récurrentes associées à des comportements compensatoires visant à prévenir la prise de poids (ex : vomissements provoqués, laxatifs, diurétiques, jeûne, activité physique excessive) qui surviennent en mangeant pendant une période de temps (ex : 2 heures) une grande quantité de nourriture, liée au sentiment de perte de contrôle pendant l’épisode. Ici aussi, la forme et le poids du corps influencent le niveau d’estime de soi d’une personne.
  • La frénésie alimentaire (hyperphagie boulimique) qui se manifeste par des crises de boulimie récurrentes pas nécessairement associées à la mise en place systématique de comportements compensatoires. Ici aussi les crises de boulimie consistent à manger une grande quantité de nourriture pendant une période de temps, liée à la sensation de perdre le contrôle pendant l’épisode mais au moins 3 aspects ou plus doivent être présents tels que : manger plus vite que la normale, manger même si vous n’avez pas faim, mangez seul parce que vous vous sentez gêné, dégoûté, déprimé ou coupable, etc. Ce trouble peut être présent aussi bien chez les personnes de poids normal, en surpoids ou obèses.
  • D’autres troubles « modernes » tels queorthorexiela vigorexieetc.

L’apparition des troubles alimentaires dans une perspective systémique-relationnelle

On peut retracer l’apparition du symptôme anorexique essentiellement dans deux facteurs que l’on peut retrouver :

  1. dans la culture occidentale.
  2. dans les modalités interactives spécifiques adoptées dans la famille.

Pourquoi émerge-t-il dans la culture occidentale ?

Parce qu’aujourd’hui il y a leimage d’une beauté majoritairement ancrée dans la notion de minceur féminine, associée à l’énorme quantité de nourriture dont nous pouvons bénéficier au quotidien. C’est pourquoi le thème alimentaire lié à l’esthétique apparaît très présent dans nos vies.

Par rapport à la société d’autrefois, d’ailleurs, le rôle de l’enfant au sein de la famille est aujourd’hui beaucoup plus mis en avant (contrairement aux époques précédentes où les enfants occupaient une place plus marginale). Pensez aux familles qui préfèrent avoir un enfant unique. Lié à ce second aspect, on assiste alors à un allongement de la phase de dépendance des enfants vis-à-vis des parents avec une émancipation ultérieure de ceux-ci par rapport à un temps.

La « grève de la faim » semble donc se développer là où certaines conditions socioculturelles sont présentes, à savoir :

  • la nourriture est abondante;
  • la minceur est à la mode ;
  • le bien-être des enfants est un impératif central dans la famille ;
  • la dépendance des enfants vis-à-vis de leurs parents et donc leur responsabilité est plus retardée dans le temps.

Pourquoi émerge-t-elle au sein des familles avec des modalités interactives spécifiques ?

Parce que la famille peut être à la fois une ressource et une limite ; elle peut être à la fois un facteur de protection pour l’enfant et un facteur de genèse et d’entretien de certains troubles psychiques dont le symptôme anorexique. A cet égard, le livre « Jeux psychotiques en famille » évoque l’importance du couple parental dans le développement d’un trouble du comportement alimentaire, entre jeux d’alliances, coalitions et instigations des parents qui voient l’implication des enfants dans les enjeux de couple, ce qui ne sera cependant pas exploré dans cet article (Cirillo, Selvini Palazzoli, Selvini et Sorrentino, 2017).

Les caractéristiques de la famille avec un membre atteint de DCA

La familles dont un membre souffre d’anorexie ont souvent ces caractéristiques :

  • ce sont des familles rigides mais en même temps surprotectrices et contrôlantes. Ils sont perçus par les enfants comme oppressants, c’est pourquoi le refus de manger est vécu comme un moyen d’exprimer son désaccord, de se détacher et d’acquérir de l’autonomie ;
  • il s’agit généralement de familles beaucoup plus soucieuses du fonctionnement social que du bien-être psychologique de leurs enfants et très attentives aux performances (scolaires, sportives, professionnelles) avec une prédominance de l’aspect mental sur l’aspect corporel et émotionnel ;
  • nous trouvons souvent fusionnelles les relations d’enfance avec les parents puisque les enfants ont été les conteneurs des attentes et des ambitions des parents

La plupart du temps, le conflit des filles anorexiques s’inscrit dans le devoir de plaire aux parents VS désir d’autonomie et d’émancipation (un conflit inhérent à la dépendance VS indépendance) ; ce qui conduit à vivre des angoisses intenses qui ne parviennent pas à être verbalisées et traitées et finissent donc par se somatiser dans le corps. On pourrait dire que le contrôle de son propre corps représente un moyen de récupérer de l’espace et d’échapper au contrôle des autres.

La familles avec un membre boulimique au lieu de cela, ils sont plus souvent ouvertement conflictuels, chaotiques et impulsifs.

En résumé, le organisations mentales qui sous-tendent les DCA pourrait se résumer comme suit.

Traits individuels :

  • hyper-empowerment de soi et vis-à-vis de sa propre vie et de l’adultification (également pour ne pas peser sur les parents et les membres de la famille) ;
  • tendance au perfectionnisme;
  • prédominance de l’aspect mental;
  • besoin de garder le milieu environnant sous contrôle;
  • spontanéité réduite dans les relations interpersonnelles;
  • sentiment d’inadéquation, possibles retraits dépressifs et irritabilité.

Situations relationnelles typiques :

  • des parents surchargés de problèmes relationnels et donc absents d’un point de vue affectif ;
  • hypercritique et attentes exagérées de la personne de la part des figures nourricières qui amènent une surcharge relationnelle à la personne. Parfois, l’hypercritique survient lorsque l’un ou les deux parents critiquent le défaut du conjoint qu’ils croient voir chez leur fille ou leur fille ;
  • attitudes fragiles des figures de référence.

Quelles interventions possibles ?

Les interventions auprès des personnes souffrant de troubles alimentaires doivent dépasser le modèle médical et mécaniste visant exclusivement à « faire manger » ou à « laisser manger correctement », car ce sont des troubles complexes qui impliquent non seulement la personne dans son individualité, mais aussi le système familial dans qui vivent, ont besoin d’un intervention multidisciplinaire impliquant différents professionnels (psychologue, nutritionniste, parfois même psychiatre).

Depuis personnes souffrant d’anorexie ils s’imposent au stimulus de la faim pour éprouver le contrôle, la force et l’autonomie et le contrôle de son corps peut être vécu comme un moyen de récupérer de l’espace et d’échapper au contrôle des autres combiné à de forts sentiments d’inadéquation, le travail doit être basé sur la acquisition d’une plus grande autonomie, d’une identité solide et d’une plus grande stabilité émotionnelle.

Pour les personnes souffrant de boulimieD’autre part, là où la tendance est de se surestimer à cause des crises de boulimie et de se mettre dans des conditions à risque sans toutefois avoir des traits aussi perfectionnistes que chez ceux qui développent un symptôme anorexique, le travail devrait être davantage basé sur l’acceptation de soi.

Des recherches récentes ont émergé comme l’intervention qu’elle fournit l’intégration entre la psychothérapie individuelle et l’intervention familiale menée à différents niveaux est la plus efficace, en particulier dans le cas des jeunes. C’est parce que la dynamique familiale est souvent liée au trouble de l’alimentation. Il est également utile d’éviter l’abandon prématuré du chemin principalement en raison de la colère et de l’impulsivité typiques des personnes qui développent ces problèmes et de leur structure de personnalité facilement borderline.

Dr Elisa Simeoni

Psychologue clinicienne relationnelle


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