Dépendance affective : pièges et cercles vicieux

Habituellement, j’essaie de stimuler la réflexion sur différents thèmes et de faire réfléchir les gens sur les nombreuses facettes des phénomènes psychologiques. Bien, sur la dépendance émotionnelle, je prends la responsabilité de vous dire que c’est une vilaine bête!

Une dynamique de dépendance affective il n’a rien de beau et de positif sauf la joie de sa sortie… Et pas toujours parfois. La dépendance affective peut se manifester dans diverses relations, mais c’est surtout dans la relation de couple qu’elle donne le meilleur ; il s’inscrit dans une dynamique de couple caractérisée par l’asymétrie et les mécanismes dysfonctionnels qui alimentent la relation.

La dépendance, en général, représente un besoin effréné de substance (ex. drogue), une activité (ex. jeu style= »display:none; » class= »path » ologique) etc. De même, la dépendance peut également être attribuée au besoin effréné d’une personne; dans ce cas on parle de dépendance affective. Comme cela arrive très souvent dans les addictions, les ambivalences et les paradoxes prennent souvent le dessus également dans la dépendance affective, c’est pourquoi il est souvent si difficile de travailler avec eux ; il n’est pas toujours facile pour un psychologue d’entendre une personne parler honnêtement et profondément attristée de la relation qu’elle vit avec un partenaire discréditant et abandonnant puis (peut-être une semaine plus tard) de voir la même personne se reprocher ce qui s’est passé et s’excuser auprès du partenaire intimidateur.

Dans les addictions affectives il y a souvent des dieux tente de « vider » les événements de leur coloration émotionnelle, dans le but de les « normaliser ». Voici un exemple : « au final, même s’il m’a très mal traité au restaurant alors il a eu l’air désolé et en tout cas je suis un sacré chieur ! », ou : « au final c’est vrai qu’il m’a offensé et m’a crié des choses horribles au visage devant mes amis, mais au final elle n’est pas méchante et elle ne le fait que lorsqu’elle est nerveuse, les choses importantes dans notre histoire sont autres ». Ce mécanisme est très dangereux parce qu’il met les gens en une dynamique continue de « push and pull » dont il est très difficile de sortir.

Les origines

La dépendance affective a origines dans l’histoire de la vie personnelle et, bien qu’il ne soit pas possible de faire un paquet de toute l’herbe, en termes généraux, nous pouvons essayer de tracer le modèle relationnel typique.

Généralement, il s’agit de des gens qui ont appris dès leur plus jeune âge que l’amour n’était possible qu’en se sacrifiant. Un exemple typique est un parent alcoolique, dépressif ou malade avec un enfant qui prend soin du parent en espérant qu’en l’aidant bien et en mettant ses besoins de côté, le parent sera un jour là pour lui. La personne a vite appris que pour être aimée, elle devait mettre de côté certains aspects de sa personne et attendre que le parent, une fois « fixé », était disponible. Cependant, l’espoir se concrétise rarement et ce que la personne vivra à long terme sera le désespoir de ne pas se sentir considéré, aimé, associé à un mélange d’attente, de colère et d’espoir.

L’attente du changement suite au dépassement d’un ou plusieurs obstacles émotionnels est une fonction fréquente dans les addictions affectives; l’exemple typique est le « syndrome de la Croix-Rouge, plus fréquent chez les femmes, dans lequel nous vivons des années dans l’attente qu’un partenaire alcoolique ou toxicomane ou joueur style= »display:none; » class= »path » ologique cesse de l’être car lorsqu’il cessera de l’être, notre histoire sera merveilleuse.

Cependant, il est compréhensible que dans ces modèles relationnels, il y ait des sentiments d’espoir, de désespoir, de faible estime de soi, de peur de l’abandon et de besoin de confirmation, d’insécurité et même de colère.

Une autre situation est celle d’avoir affaire à un parent présent « par intermittence », tantôt disponible, tantôt distant, jugeant ou rejetant. Par exemple, une mère souffrant de troubles de l’humeur qui est parfois aimante et parfois colérique et renfermée. Dans ces cas, l’enfant ne sait pas se donner d’explication et pour reprendre le contrôle il se dit que « s’il est bon, sa mère sera bonne ». De cette façon, cependant, on apprend à s’attribuer la responsabilité de la relation acquérant lentement une pensée automatique du type : « si je serai bon ou si je serai comme tu veux de moi, alors tu prendras soin de moi ». Sentez-vous le danger qui se profile ?

Les 4 différents types de dépendance émotionnelle

Les personnes qui se développent dans de tels contextes rechercheront fréquemment des relations compensatoires de relations symbiotiques avec des personnes qu’elles idéalisent comme l’amour de la vie et le « sauveur ». Cependant, il est possible de distinguer différents types de dépendance affective :

  • passif – dépendant ;
  • agressif – toxicomane ;
  • co-dépendant ;
  • contre-dépendant.

Disons qu’en général, les trois premiers types caractérisent majoritairement les femmes alors que le dernier est plus fréquent chez les hommes. Cependant, il n’y a clairement pas de règle fixe.

1) La forme passive-dépendante : « tu me sauveras »

Il s’agit d’une forme de dépendance affective caractérisée par une symbiose avec l’autre. Dans la forme passive-dépendante, la personne craint fortement l’abandon car elle sait (ou plutôt se dit) que seule elle ne se sent pas capable d’affronter le monde. Avez-vous déjà eu une amie qui ne peut pas se passer d’un petit ami et qui a toujours été fiancée depuis l’âge de 14 ans ? Il est possible qu’en ce sens il s’agisse d’un sujet à risque.

Dans cette forme d’addiction, la personne, une fois liée au partenaire vivra pour ne pas le laisser s’échapper et donc, se mettra complètement à la disposition de l’autre, annulant ou presque annulant ses propres besoins. Mais à qui sont liés les profils passifs-dépendants ? Pas aux partenaires « normaux » pour plusieurs raisons : tout d’abord, la personne dépendante passive a une histoire de vie dans laquelle elle n’est pas habituée à recevoir de l’amour, c’est pourquoi un partenaire amoureux est comme parler une « langue » qu’elle ne connaît pas ; étant habituée à ne pas recevoir d’amour et d’attention et ne se sentant pas, après tout, digne d’amour, elle regardera l’attention et les gestes d’affection avec suspicion et méfiance. De plus, le besoin de confirmation et de certitude du partenaire passif-dépendant est si fort qu’il aura tendance à être très « exigeant » en termes d’attention et de « preuve d’amour » ; des besoins qui s’expriment le plus souvent par des plaintes ou de manière ouvertement agressive.

Pensons, par exemple, à une femme qui était venue demander chaque jour une fleur à son partenaire et qui se fâchait si elle ne la recevait pas ou s’il ne la complimentait pas assez ; avec elle définissant comment « assez » était. De toute évidence, une personne équilibrée est très susceptible de répondre à ces demandes croissantes et après un certain temps, elle a tendance à se retirer ! Et là émerge un des nombreux paradoxes des addictions émotionnelles : l’abandon est redouté et pour l’éviter, on déclenche des comportements qui mènent tout droit à l’abandon ! Il est clair que les expériences d’abandon vont confirmer de plus en plus la vision négative de soi : « je ne suis pas aimable et tout le monde s’enfuit » ; « Je suis une très mauvaise personne et tout le monde s’enfuit ».

Donc, revenons au point : avec qui se lient-ils à ces personnes ? Aux partenaires qui ont les caractéristiques qu’ils n’ont pas mais qu’ils veulent (ex : sécurité, charme, etc.) et qui n’attendent que d’être adorés… vous sentez le frisson monter ? Car on parle de personnalités narcissiques, psychostyle= »display:none; » class= »path » es et parfois même sadiques (un amour en somme !). Comme vous pouvez l’imaginer, la fin heureuse est loin d’être au coin de la rue dans des histoires comme celle-ci…

Les narcissiques, les antisociaux et les sadiques sont très doués pour faire croire aux gens qu’ils sont passionnés, indépendants et fiables et le toxicomane passif a une attirance folle pour ceux qui incarnent ces caractéristiques qu’ils n’ont pas mais qu’ils désirent.

Une fois la phase de tomber amoureux passée, cependant, les personnalités narcissiques (ainsi que les antisociales et les sadiques) changent leurs comportements passant d’être attentionné, présent et passionné à être froid, discréditant et distrait. Le partenaire passif-dépendant, cependant, craignant l’abandon plus que toute autre chose, ne coupe pas la corde et s’enfuit mais adopte des comportements de plus en plus dévoués envers l’autre, espérant qu’il redeviendra ce qu’il était autrefois, alternant des moments d’asservissement absolu à l’autre dans les moments de protestation impuissante et plaintive (ce qui n’entraîne cependant pas la colère, car se mettre en colère ou exprimer ses besoins vous exposerait au risque d’abandon).

A ce stade, deux scénarios sont possibles : le partenaire passif-dépendant est laissé vivre l’abandon qu’il redoutait tant ou le cercle vicieux s’alimente jusqu’à l’annulation extrême de la personne qui peut en venir à accepter des trahisons, des prévarications voire des violences. Déjà. car un partenaire narcissique n’est pas nécessairement disposé à renoncer à une personne qui l’adore et est toujours disponible pour satisfaire ses besoins, c’est pourquoi il ne met pas fin à la relation.

2) Co-dépendance : « Je vais te sauver »

Le terme co-dépendance est né au début des années 1980 dans le contexte des groupes d’entraide d’hommes alcooliques et est un terme qui délimite les caractéristiques des compagnons de ces hommes. Ces femmes avaient des comportements ambivalents dans lesquels d’une part il y avait le désir de sauver des camarades de l’alcoolisme mais d’autre part des comportements de contrôle et d’ouverture déception; en d’autres termes, sacrifices et proximité à tout prix avec les copains mais aussi frustration ouverte associée aux comportements de contrôle (par exemple, sentir si l’haleine sentait l’alcool, vérifier les reçus pour voir si de l’argent avait été dépensé dans les bars, etc.) qui a généré chez le compagnon une frustration supplémentaire ce qui, à son tour, s’est transformé en un sentiment de culpabilité chez le compagnon qui s’est de plus en plus empressé de répondre avec plus de proximité. C’est clairement un cercle vicieux.

co-dépendance est également connu sous le terme plus familier de « syndrome de Crocerossina » (la co-dépendance concerne généralement les femmes, mais ce n’est pas une règle) dans laquelle il y a une personne qui se lie à une autre caractérisée par un fonctionnement problématique et qui entend « sauver ».

Donc ça déclenche mécanisme d’attente et d’espoir; cette illusion comme : « si je te sauve de cette douleur, alors nous pouvons être heureux ». Qu’est-ce qui conduit à entrer dans le tunnel de la co-dépendance ? Nous avons vu que le co-employé se connecte avec ceux qui ont besoin d’aide. Ce qui attire le co-dépendant réside précisément dans la condition de besoin dans laquelle se trouve l’autre. Chez ces personnes, l’illusion salvifique prend le dessus que grâce à l’amour de l’un l’autre sera sauvé. Il y a donc une victime qu’il faut sauver (le partenaire) et un sauveur (la personne co-dépendante).

Cependant, les personnes très souffrantes qui demandent à être secourues (ex. toxicomanes, alcooliques, etc.) ont souvent traits de personnalité dysfonctionnels qu’il est presque impossible de changer avec l’aide du partenaire seul; en effet, puisque les caractéristiques de la personnalité et les comportements dysfonctionnels comme l’addiction se présentent néanmoins comme une réponse, fût-elle style= »display:none; » class= »path » ologique, à un besoin quelconque visant à la survie (ne pas ressentir de douleur, se leurrer d’être en contrôle, etc.), il est hautement probable que de tels comportements continuent à se perpétuer et à augmenter malgré les efforts du partenaire.

Cette dynamique est connue sous le nom de triangle dramatique : victime – persécuteur – sauveur (Karpman, 1968).

Les rôles dans le triangle tournent : le partenaire qui a besoin d’être aidé (victime) voit dans « l’infirmière de la Croix-Rouge » le sauveur qui répond à la demande d’aide jusqu’à ce que les traits style= »display:none; » class= »path » ologiques de la victime prennent le dessus, stimulant par exemple un désir irrépressible à boire qui est secoué. « L’infirmière de la Croix-Rouge » exprime toute sa…